à Collobrières, Elisabeth Boulesteix
sublime la châtaigne
Native de Bormes-les-Mimosas et installée dans la capitale des Maures depuis plus de quelques années, Elisabeth est une amoureuse de son village. La passion des châtaignes et de la sculpture, la pousse à travailler de manière artisanale. Pour partager son savoir-faire et son terroir, à qui veut bien prendre le temps de le découvrir !
Anne-Cécile Audra : Quel métier exercez-vous ?
Elisabeth Boulesteix : je suis castanéicultrice, artisan-transformateur et sculptrice à mes heures ! Je tiens à produire mes châtaignes et à les transformer de manière artisanale, dans mon atelier ouvert au public, au centre du village de Collobrières. J’aime expliquer comment je travaille, je transforme et aussi je transmets mon savoir-faire. De la pédagogie et de la transparence, c’est essentiel pour moi. Mon fils Marius, m’a convaincue de reprendre le flambeau de la châtaigneraie familiale, afin de ne pas laisser disparaitre ce patrimoine vivant. Je produis aujourd’hui avec bonheur une crème de marrons 100% naturelle et locale. Dans le respect de la tradition.
Anne-Cécile Audra : Justement, la châtaigneraie des Maures et sa capitale Collobrières, sont des emblèmes de la Provence. Comment voyez-vous l’avenir pour cette filière identitaire ?
Elisabeth Boulesteix : Ce qui est compliqué c’est la santé de la châtaigneraie. Depuis 2013 on enregistre une chute de 85% du volume de la récolte en moyenne. En 2020, encore 60%. Le cynips, ce petit insecte ravageur, décime nos forêts sans que l’on puisse vraiment l’éradiquer. Il y a eu des programmes de recherche, pour mettre en oeuvre de moyens de lutte biologique, mais il faut du temps pour avoir des résultats. On commence à en voir les effets. Mais il faudra à l’avenir penser de manière différente. On voit bien que les évènements climatiques et les ravageurs sont des sujets très sensibles, quel que soit les cultures. Si l’on veut protéger notre châtaigneraie, notre emblème, il faut continuer à innover.
Anne-Cécile Audra : Souvent les castanéiculteurs font d’autres productions, c’est une activité complémentaire. Et vous ?
Elisabeth Boulesteix : J’ai développé une autre activité, toujours autour du châtaignier, du bois en particulier, que je sculpte. C’est une passion depuis longtemps. Ce bois est beau, il présente des nervures naturelles, une bonne densité et il est naturellement imputrescible. Je sculpte des objets qui donnent un autre aperçu de ce patrimoine local. Le grand panneau à l’entrée du village, je l’ai offert à la Mairie, au village ! Pour montrer ce que l’on sait faire ici.
Anne-Cécile Audra : Vous avez aussi d’autres casquettes dans votre village, où vous êtes très investie.
Elisabeth Boulesteix : En 2020, j’ai été élue conseillère municipale, en charge du patrimoine, aux côtés de Mme Amrane, Maire de Collobrières, une passionnée elle aussi. Pour m’impliquer et participer activement à la vie du village, à sa sauvegarde, à la protection et la défense de mon terroir. C’est important de préserver et transmettre les savoir-faire locaux. C’est notre héritage, notre identité. Nous avons aussi constitué fin 2020 une association de producteurs et artisans du village, avec le soutien de la Mairie, pour défendre notre terroir : NOSTRE TERRAIRE (« terroir » en provençal). Nous voulons valoriser l’agriculture raisonnée et le savoir-faire artisanal. Ici nous sommes sur une agriculture extensive, un artisanat local. Nous avons créé la marque « Collobrières » pour être reconnus. Tous nos adhérents sont des passionnés. Il y a des maraichers, un viticulteur bio, une castanéicultrice qui fait aussi de la vannerie avec le bois de châtaigner, un forgeron-coutelier, des bergers… Nous voulons mettre en valeur ces talents, construire un projet économique durable, renforcer l’attractivité du village. Sans arriver à un tourisme de masse non plus !
Anne-Cécile Audra : Quel est votre souvenir le plus précieux, ici à Collobrières ?
Elisabeth Boulesteix : C’est formidable quand au mois d’Octobre, trois dimanches successifs, le village fête sa châtaigne. Il y a un marché de producteurs et d’artisans locaux, des stands de châtaignes grillées qui sentent bon la Provence et la joie de vivre. C’est populaire, convivial, de grandes tablées se réunissent, avec la famille, les amis. On reçoit même des visiteurs des villages jumelés avec le nôtre, qui viennent d’Italie, d’Espagne … et du Japon ! Oui Collobrières s’invite au japon. Là-bas aussi ils ont une tradition séculaire autour de la châtaigne, l’artisanat et les savoir-faire.
Anne-Cécile Audra : Justement, qu’évoque pour vous la Provence ?
Elisabeth Boulesteix : Mon enfance, des souvenirs de saveurs, de senteurs, une tradition gustative et culinaire. Le souvenir de goûts et de savoir-faire locaux.
Anne-Cécile Audra : Quel est votre rêve ?
Elisabeth Boulesteix : Que l’on préserve notre nature et notre identité, dans le respect des hommes et des femmes d’ici. J’y crois ! C’est l’avenir !
RITA Collobrières
Famille BOULESTEIX
Atelier CASTANEA
11 Rue Jean Jaurès – 83 610 Collobrières
07 67 77 17 25
www.ritacollobrieres.com
Association NOSTRE TERRAIRE
www.nostreterraire.com