Alain Arias,

le violoniste des vignes
Par Clothilde Monat www.storytelling-factory.fr

Il y a plus de dix ans, sur la presqu’île de Giens, Alain Arias rencontrait Marie-Jeanne Chauvin, présidente des Musicales dans les Vignes de Provence, alors qu’il jouait la version fantaisiste de Carmen écrite par Pablo de Sarasate. Depuis ce jour, ils ne se sont plus quittés et Marie-Jeanne a fini par considérer Alain comme un porte-bonheur pour son festival ! Cet artiste ne manifeste-t-il pas sa virtuosité à tout moment, même quand un vent glacial se met à souffler sur ses partitions ?

Le jeune violoniste voit dans cette confiance mutuelle qui le lie à Marie-Jeanne la raison essentielle de son attachement aux Musicales dans les vignes. Lui, le soliste invité par de grands orchestres, s’émeut de cette bienveillance qui lui donne envie de se surpasser, à chaque représentation. Et c’est pourquoi il séduit lors des soirées estivales, en proposant une myriade de surprises et des clés d’écoute originales des « Quatre Saisons » ou des œuvres qu’il interprète. Alain Arias, concertiste aguerri, considère le public des Musicales comme inoubliable parce qu’il offre sa capacité d’écoute nimbée d’une concentration presque religieuse. Mais, pour les spectateurs, c’est le toucher de cordes d’Alain si fin, si nuancé, qui crée une forme de spiritualité, surtout quand il interprète la méditation de Thaïs ou les sonates de Bach…

Plutôt qu’à « l’âme romantique » du violoniste, il faudrait rendre hommage à son ouverture d’esprit et à la grande curiosité que cet artiste manifeste pour la musique. Et ce depuis longtemps, précisément depuis l’époque où l’adolescent virtuose fréquentait le très sérieux Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon tout en affichant une attirance marquée pour la musique tzigane. Dès lors, Alain Arias n’a cessé d’aimer ces « œuvres du terroir » qui suscitent une joie spontanée. Plus tard, son désir d’éclectisme l’a taraudé aussi au point de rejoindre l’Ensemble Opus XXI spécialisé dans la musique contemporaine. Aujourd’hui, il interprète des œuvres écrites pour lui par de jeunes compositeurs, comme ce concerto pour violon «Un ange parmi les Soupirs» d’Arnaud Fillion programmé par l’Orchestre National de Budapest, en 2019. Le violoniste savoure pareillement le bonheur de jouer au sein de « L’ensemble Kynesis » qui propose un répertoire varié, les musiciens alternant à loisir musique baroque, traditionnelle, variété, classique, ou même jazz. C’est que la musique de chambre passionne cet artiste sensible à la qualité des rapports humains qui se développe au moment où les instrumentistes entrent en symbiose. N’est-ce pas extraordinaire de réaliser ce travail d’alchimie qui relie subtilement plusieurs solistes soucieux de ne former qu’une seule entité, qu’il s’agisse d’un duo, d’un quatuor ou d’un quintette ?