LA SEYNE SUR-MER
capitale du Street-Art
PAR FRANÇOISE SPIEKERMEIER
Entre le 4 et le 10 juillet, le 4ème Minifest met l’art à la portée de tous, à travers la réalisation d’une quinzaine de nouvelles fresques monumentales dans l’espace urbain. Plébiscitée, cette discipline de l’art contemporain est devenue le support d’une politique de reconquête de l’espace public. Pour Nathalie Bicais, Maire de La Seyne, le festival permet aussi aux Seynois de redécouvrir le coeur de ville et son patrimoine.
Quelle est, à votre avis, la place du streetart dans l’art contemporain ?
Nathalie Bicais : Clairement, le street-art occupe une place prépondérante dans l’art contemporain : que ce soit dans la maitrise de nouvelles techniques comme dans la dimension des oeuvres, il s’inscrit dans la continuité des nouveautés picturales. A travers le street-art, nous pouvons délivrer des messages forts qui portent nos valeurs. Nous le voyons bien avec l’oeuvre de la Marianne, réalisée lors de la première édition du festival sur le port de La Seyne. Cette fresque de l’artiste Snake située à l’angle de la rue Ramatuelle et du quai Saturnin Fabre, sur laquelle nous pouvons lire les mots « Résiste, Liberté, Espoir, Peuple, Libre & Expression » est devenue un véritable emblème pour les Seynois.
En créant le Minifest il y a quatre ans, s’agissait-il de valoriser des grapheurs seynois ou régionaux qui intervenaient déjà sur des bâtiments désaffectés ?
Le street-art existe depuis des années à La Seyne. Au départ, les artistes avaient investi certains quartiers pour requalifier un environnement urbain dégradé. Aussi, dès mon arrivée, j’ai souhaité encourager et soutenir cette initiative associative en mettant en place un partenariat permettant de réaliser un plus grand nombre de fresques notamment dans le centre historique pour lequel nous développons un grand projet de redynamisation autour de notre concept « Redonnons des couleurs au centre-ville ». S’agissant du choix des artistes, la qualité des oeuvres est notre boussole. Nous avons tout autant des talents locaux et régionaux que des artistes nationaux et internationaux notamment d’Amérique du Sud, où l’on trouve une véritable culture « muraliste » à travers des oeuvres politiques et engagées.
Combien d’artistes sélectionnez-vous et comment choisissezvous l’emplacement des oeuvres ?
Lors des premières éditions, nous avons travaillé conjointement avec l’association Graphikart. Cette année, la Ville porte directement le festival grâce à l’implication du service culturel de la commune. Lors de chaque édition, nous sélectionnons une vingtaine d’artistes qui réalisent entre dix et quinze fresques. Concernant l’emplacement des oeuvres, nous privilégions des murs en friche pour leur grand potentiel de surface avec le moins de fenêtres et d’ornementations possibles. Ces murs sont attribués en fonction de la visibilité géographique et de la notoriété des artistes.
Pour l’édition de 2024, il semble que vous ayez prévu un joli line up…
Effectivement, nous aurons le plaisir d’accueillir des artistes de dimension internationale : Kobra, venu du Brésil, Dopie, artiste hollandais, Braga venu du Portugal, Sock & Tétal deux artistes français du collectif « 2 mains », Valé, originaire du Mexique, Gori et Ciclope venus d’Argentine, Difuz, artiste français, et bien d’autres encore !
Il y a dans la ville 40 fresques réparties dans tous les quartiers…
Avez-vous pu mesurer l’impact de ces oeuvres sur la population ?
L’impact du festival sur la population est énorme, il redonne de la fierté aux Seynois qui deviennent des ambassadeurs de ce parcours artistique en centre-ville. Lors du concours national Golden Street Art qui élie, chaque année, les plus belles fresques réalisées en France, les Seynois ont été au rendez-vous : en 2021, la Marianne a remporté la troisième place et en 2023, deux fresques seynoises ont été en lice lors de la dernière phase du concours. Cette reconnaissance participe pleinement au sentiment de fierté de toute notre population. De nombreux particuliers ou entreprises proposent leurs murs à la municipalité pour accueillir de nouvelles oeuvres. Un tourisme local mais également plus élargi se développe autour de ce musée d’art à ciel ouvert : une réelle chance pour notre territoire. De plus, la reconnaissance de cette expression artistique inspire le respect à ceux qui voudraient s’essayer à cette pratique. Cela réduit considérablement le nombre d’interventions sauvages.
Quels développements souhaiteriez-vous donner à ce festival ?
Un grand développement ! Nous souhaitons agrandir notre musée à ciel ouvert. C’est une manière de redonner de l’identité à un secteur de la ville qui ne demande qu’à être revisité. En effet ces oeuvres majestueuses donnent l’occasion aux Seynois de redécouvrir notre patrimoine provençal méditerranéen qui a tant à offrir : architecture, portes et ornementations typiques de grande qualité ! Nous travaillons, avec l’Office de Tourisme métropolitain, pour proposer prochainement des visites guidées auprès de notre population et des touristes.