RENCONTRE AVEC...
Markus CONRAD
Domaine des Féraud,
lanature et l’art pour ADN
Par Isabelle Dert
Situé au coeur de l’espace naturel préservé de la plaine des Maures, le domaine des Féraud travaille dans le respect de la terre pour en exhaler le meilleur. Sur son terroir riche et historique, Markus Conrad fût l’un des précurseurs de la viticulture bio en Provence. Rencontre…
Pourquoi la Provence ?
Markus Conrad : J’aime la Provence depuis tout petit. Mon grand-père italien m’a donné le goût d’une vie plus méditerranéenne qu’allemande. A 29 ans, j’ai même acheté un pied à terre ici avant d’avoir une résidence principale ! Étant amateur de vin, je suis tombé amoureux du rosé en apprenant à le connaitre. J’ai visité plus de 60 vignobles avant de choisir le Domaine des Féraud. Je voulais un domaine proche du Golfe de St Tropez. A taille humaine, avec une belle histoire et de vieilles vignes, je pouvais créer un univers et y construire des bâtiments contemporains. Aujourd’hui je suis très heureux de ce choix.
Le choix du bio était il une évidence ?
Markus Conrad : Le développement durable était très clair pour moi. Tout le monde m’a traité de fou car j’étais l’un des premiers dans la région. Aujourd’hui nous allons beaucoup plus loin que le cahier des charges bio, en combinant le naturel et les innovations. J’emprunte aussi certaines pratiques à la biodynamie sans en prendre toute la philosophie. J’aime avoir la liberté de choisir.
L’art et les Féraud ?
Markus Conrad : La musique fait partie de ma sensibilité, je suis musicien diplômé, trompettiste. Pour la 2ème fois, nous allons recevoir les « Musicales dans les vignes » avec deux concerts cet été. J’ai vraiment aimé Carolyn Mayer qui revient en septembre lors d’une soirée jazz, et en août ce sera jazz manouche avec Basilic Swing. J’aime aussi l’art contemporain, particulièrement les idées du « Bauhaus ». Nous mettons les murs du caveau au service de l’art. Les vignobles ne sont pas des galeries mais peuvent être des vitrines pour exposer de jeunes artistes. Enfin, les soirées bar à vin reviennent en juin avec de la musique live une
fois par mois.
Du cinéma ?
Markus Conrad : C’est une suggestion qui m’a plu de ma conseillère en oenotourisme. On parle beaucoup des difficultés du cinéma en ce moment, il faut le soutenir. Nous avons un bel espace pour recevoir le public en plein air en toute sécurité. Nous programmons deux soirées sous les pins, face aux vignes, avec Ciné Bleu. J’ai hâte de voir ce que cela va donner.
Un sentier vigneron ?
Markus Conrad : J’ai choisi le Domaine des Féraud pour le vin et la nature qui l’entoure. Les visiteurs viennent déguster les vins au caveau mais l’endroit le plus important c’est le vignoble ! Je les invite à se promener dans les vignes avec les enfants et les chiens en les guidant dans cette nature si belle où il y a toujours quelque chose à découvrir. On voit mieux les choses en apprenant à les connaitre. J’ai voulu un parcours instructif sur la vigne, les chênes lièges, les pins parasols, les tortues Herman…
Un potager bio ?
Markus Conrad : Nous lui dédions un hectare. J’aime cuisiner et nos visiteurs seront sûrement heureux de repartir avec un panier de légumes bio frais pour cuisiner la ratatouille qui accompagnera nos vins. Mon viticulteur a la même philosophie que moi : progresser à travers de nouveaux projets. La permaculture est une belle source d’apprentissage.
« Dans un monde plus durable et écologique, nous devons trouver notre place dans un bel équilibre, sans tomber dans l’industriel. »
Parlons maintenant de vos vins ?
Markus Conrad : Nous avons une belle gamme de vin et faisons des essais tous les ans pour la renouveler, notamment avec nos deux vins naturels : Rouge nature et Rosé Pure été. Nous allons arrondir le domaine à 30 hectares de vignes, c’est une bonne taille pour rester familial et artisanal. Dans un monde plus durable et écologique, nous devons trouver notre place dans un bel équilibre, sans tomber dans l’industriel.
Vos cuvées signatures ?
Markus Conrad : Il y a trois choses représentatives ici. J’adore notre blanc de Rolle, un vermentino provençal. Ce n’est que 4% du marché mais je pense que le blanc de Provence peut avoir un destin international au côté du rosé. Ce cépage est aussi parfait pour affronter les changements climatiques, tout comme l’albarino que j’aimerais planter. Notre gamme de rosés très complète est notre carte de visite. De plus, notre héritage de vieilles vignes de plus de 70 ans en cabernet sauvignon et syrah nous permet de faire de superbes rouges. Nous sommes vraiment tricolores !
« Des vins haut de gamme, une ambition d’excellence dans le respect de la nature. »
Avez vous de nouveaux projets ?
Markus Conrad : J’aimerais expérimenter un rosé sans alcool vraiment bon. Les espagnols en sont les leaders mondiaux aujourd’hui. Malheureusement, même s’il y a un vrai marché pour les bons produits non alcoolisés, le prix d’une boisson est souvent lié à l’alcool et non au travail engagé. J’ai vécu le succès de la bière sans alcool en Allemagne. Au début très décriée, c’est maintenant ce qu’il y a de meilleur quand on ne boit pas de vin.
Crédit photo : Patrick Maury