« Les Musicales dans les Vignes de Provence - 10ème anniversaire »

Stefan Cassar, cette touche de poésie ajoutée au clavier…

Par Clothilde Monat / Storytelling-factory.fr

Artiste émérite très souvent sollicité pour participer à des festivals, se produire dans des salles de concert prestigieuses partout en France et dans le monde, Stefan Cassar revient pourtant, chaque année, aux « Musicales dans les Vignes de Provence » avec le même plaisir et le même enthousiasme. Portrait d’artiste…

Complice d’une muse !

Stefan Cassar ne tarit pas d’éloges à propos de l’organisatrice du festival. Selon lui, Marie-Jeanne a su créer un événement exceptionnel, avec beaucoup de délicatesse et de raffinement, en imaginant des combinaisons gagnantes : musique et convivialité, musique et vins, musique et beaux domaines. Stefan adhère à ces principes. A commencer par celui qui consiste à offrir beaucoup à son public. Pour lui, le plaisir de jouer s’accompagne toujours du plaisir d’échanger, et les histoires qu’il raconte à propos des oeuvres qu’il interprète lui servent à enchanter son auditoire. L’idée de proposer un verre de vin après le concert participe aussi de cette convivialité. Et, pour Stefan, c’est une idée intéressante car il est troublant de voir à quel point les langages sont similaires : ne parle-t-on pas d’équilibre, de rondeur, de souplesse, de rythme, de profondeur, en musique comme en oenologie ?

La poésie des domaines viticoles

Stefan a tout de suite compris l’esprit insufflé à ce rendez-vous estival désormais très attendu. Il est persuadé que l’âme des domaines viticoles favorise la créativité et le jeu musical. Avant un concert, l’artiste se nourrit de la beauté d’un lieu et s’en imprègne. Il sait que son interprétation des oeuvres en sera influencée. C’est pourquoi un récital donné au château d’Estoublon ne sera pas le même le lendemain, devant la mer, au domaine de Frégate, par exemple, même si la programmation est identique. L’esprit des lieux, l’architecture, l’équilibre qu’il ressent colorent différemment son jeu.

Dans Madame Bovary, quand deux voix se superposent c’est inspirant. Le jeu des alternances est musical et rappelle la notion de « contrepoint ».

Un trait-d’union entre les arts

Les mélomanes se posent souvent la question de savoir si un artiste a un compositeur préféré. Avec Stefan Cassar, le problème est vite résolu : il interprète aussi bien Beethoven que Bartok. Ce qu’il aime faire, c’est permettre une nouvelle approche du répertoire, c’est proposer à l’écoute une oeuvre majeure puis la faire suivre d’une oeuvre d’un compositeur moins connu ou d’une époque différente, afin de susciter une curiosité renouvelée de la part du public. Par ailleurs, il se nourrit de tout ce qui est en rapport avec le beau. La dégustation des vins, la gastronomie, l’art, la littérature, la danse, tout lui est essentiel pour faire vivre sa musique. Sa démarche artistique consiste à traduire en sons une architecture parfaite, une belle proportion, un geste élégant, une sensation. Quand il a choisi d’interpréter « Après une lecture de Dante » de Liszt, il s’est immergé dans la poésie. Et elle est toujours aujourd’hui une source d’inspiration ! Parfois, encore, explique Stefan, quand il ne sait pas comment donner du sens à un passage musical, il lui faut faire une pause – relire la page de Flaubert « la plus musicale de la littérature », celle des « comices agricoles » dans Madame Bovary, quand deux voix se superposent. C’est inspirant. Le jeu des alternances est musical et rappelle la notion de « contrepoint ».

L’homme qui savoure le silence

Pour Stefan Cassar, le silence est important. Mais, dans ce cas, que faire des cigales et des crapauds qui peuplent les parcs de Provence ? L’enjeu consiste justement à créer un instant privilégié entre l’artiste et le public qui fera oublier ces bruits de la nuit..

Quand le pianiste a joué la note finale et qu’il attend, il installe le public dans son silence, rejoignant ainsi Mozart dans la description de ce phénomène étrange. Et ce silence partagé entre l’artiste et son public s’avère d’autant plus riche qu’il est «vivant», chargé des émotions de l’un comme de l’autre.

Crédit photo : @Philippe Magoni