1, 2, 3 … LABELS. MAIS LEQUEL ?

La révolution écologique du XXIème siècle

Par LIONEL SZAPIRO

La civilisation méditerranéenne est la pionnière en matière de viticulture et a donné ses lettres de noblesse depuis des millénaires à l’univers du vin. Boisson tantôt populaire, tantôt sacrée, elle est au coeur des enjeux du siècle et de l’actualité. Réchauffement climatique, gel des vignobles, sécheresse, ravageurs et pratiques agricoles préoccupent de plus en plus, vignerons et consommateurs. Le vin est tout un art, la production de raisins dans des conditions optimales pour l’environnement aussi !

Ces dernières années, pas un vignoble de France ou de l’étranger qui n’aura pas avancé sur la question des pratiques et de l’empreinte écologique. Et la Région Sud, avec le taux de terres agricoles en agriculture biologique le plus élevé de France, l’est en grande partie grâce à la culture de la vigne. Les vignerons ont pris le virage de la conversion biologique, travaillent dans le respect des sols, de la faune et de la flore. Ainsi, vins biologiques, natures et biodynamiques fleurissent sur vos tables, pour le plus grand bonheur de consommateurs de plus en plus avertis. Mais maitrisez-vous toutes les nuances parmi les différents labels ?

Et la question des sulfites, qui revient dans toutes les conversations d’amateurs éclairés ? Revue de détails sur les différences et les courants à l’oeuvre dans cette révolution écologique qui n’est pas près de fléchir.

Maîtrisez-vous toutes les nuances parmi les différents labels ?

La biodynamie est l’un des courants fondateurs de l’agriculture biologique, né dans les années 1920 en réaction aux excès de l’agriculture industrielle. Portée par son fondateur, Rudolf Steiner, encore controversé de nos jours, elle considère la Terre comme un « tout », un organisme vivant qui interagit avec la faune, la flore, le sol, la lune et le cosmos. Si les pratiques agronomiques sont semblables à celles utilisées en Agriculture Biologique, d’autres sont spécifiques et contribuent à dynamiser les cultures, pour assurer leur vitalité et stimuler les échanges entre les parties de l’écosystème.

Trois labels privés, portés par des associations de vignerons et consommateurs, revendiquent des vins biodynamiques : Nature & Progrès, Demeter et Biodyvin. Ils garantissent
une culture des raisins selon les principes de la biodynamie, une vendange manuelle. La vinification est également soumise à un cahier des charges précis : sans ajout de produit chimique, des levures indigènes et un taux de sulfites réduit par rapport à la réglementation européenne.

Le label AB est une certification délivrée par un organisme indépendant visant à valider le respect d’un cahier des charges précis. Il permet de garantir au consommateur l’absence de l’usage de pesticides, engrais de synthèse et OGM. Il tolère l’utilisation de
produits d’origine naturelle, tel le soufre, le cuivre et les insecticides végétaux. Il garantit la vinification biologique, c’est-à-dire avec des produits oenologiques (enzymes, levures, colles) d’origine naturelle et une teneur en sulfites (SO2) réduite. Les sulfites permettent de limiter l’oxydation du vin et donc la naissance d’arômes désagréables ou de défaut dans le vin. Ils sont naturellement présents dans les jus et indispensables à la fermentation. Le label AB indique aussi l’origine du produit (agriculture française, européenne ou hors Union
Européenne). Créé en 1985 par le Ministère
de l’Agriculture, il est la marque officielle française
et sa déclinaison européenne (depuis 2009), avec le logo de « l’euro-feuille verte ». Tous les vignerons certifiés AB sont régulièrement contrôlés par l’un des six organismes accrédités : Aclave, Agrocert, Ecocert, Qualité France, ….

Le cahier des charges des différents labels (Association des Vins Nature, Vins SAINS, Label VEGAN), exclut l’utilisation de sulfites ajoutés même naturels, il n’y a que ceux naturellement présents dans les jus. Les produits ajoutés traditionnellement (levures, enzymes) sont réduits au minimum et d’origine végétale. Ces vins développent des arômes différents qui sont à la base des valeurs portées par ces labels : pour défendre une non-uniformisation des goûts dans l’univers du vin. Ils restent confidentiels et peu connus du grand public.

Et la Haute Valeur Environnementale ?

Au-delà du processus de vinification, au coeur des vins biodynamiques et natures, les exploitations engagées dans des pratiques préservant l’écosystème naturel et réduisant au minimum la pression sur l’environnement (eau, sol et biodiversité) peuvent s’engager dans une démarche volontaire de progrès. Reconnue par une mention valorisante au même titre que les mentions « produits fermiers » ou « produits de montagne », la HVE garantit les pratiques agro-écologiques des exploitations et leurs engagements sur leur terroir. Enherbement et maintien de la vie des sols, plantation de haies pour la biodiversité, gestion raisonnée des ressources en eau … autant de gestes quotidiens prévus par une réglementation nationale et certifiés par un organisme agréé par le Ministère de l’Agriculture. A chacun maintenant de se faire son opinion sur les engagements des vignerons que vous rencontrerez. De comprendre leurs enjeux, leurs valeurs et leurs contraintes aussi, car aucune solution miracle n’existe. Le vin est un art, qu’il faut adapter à l’environnement, au climat, au savoir-faire, en innovant et en s’inspirant de la tradition. Une fois dans la bouteille, c’est une affaire de goût, de plaisir des sens et de conditions de dégustation. Pour vous faire votre propre avis, rien de mieux qu’une dégustation commentée au coeur des caveaux et d’un échange authentique avec le vigneron. Bonne découverte !