Alain Vagh,

la terre dans le sang

Par Lionel Szapiro

Artiste et céramiste réputé, Alain Vagh est une légende salernoise aux créations défiant les possibles. Le 2 mai 1968, lorsqu’il épouse son grand amour Jacquotte Amphoux, il épouse la céramique. Il a 20 ans et s’installe à Salernes où il intègre la manufacture familiale. Une histoire d’amour qui dure depuis plus de 60 ans. Leur secret : « Nous faire rire et nous éviter les douleurs »

Tout commence en 1938 quand les trois frères Vagh-Weinmann arrivent de Hongrie avec leurs fils. C’est le début d’une histoire d’artistes bohèmes aux nombreuses péripéties. « Mon grand-père et mon père étaient peintres. Entre leur arrivée en France et leur disparition dans les années 90, ils ont fait des centaines d’expositions. Leurs oeuvres sont présentes dans de nombreux grands musées et chez des privés. Je les collectionne, rachetant aux enchères leurs toiles de l’école de Paris, entre fauvisme et impressionnisme.

C’est un véritable album de famille où je m’y retrouve peint petit avec mon frère, mes grands-parents, ma famille, mes jeux d’enfant… Mes frères et soeurs sont aussi collectionneurs, on aurait de quoi faire une superbe exposition. »

La céramique par amour…

« Un an après notre mariage, grâce au père de ma femme, mon premier gros chantier sera le Fort de Brégançon pour le Général de Gaule, qui n’y a jamais mis les pieds ! Chaque tomette étant signée au dos, ce devint vite ma carte de visite. Ce fut une chance et une opportunité incroyable qui me permit de décrocher mon deuxième chantier avec l’Hôtel Byblos que le très grand céramiste Roger Capron avait commencé. Depuis je ne me suis jamais arrêté. »

Qu’est-ce qui vous inspire ?

« Mes maîtres sont Gaudi, le Facteur Cheval, Niki de Saint Phalle, De Staël, Hundertwasser, Tinguely et César avec qui j’ai travaillé. Et bien sûr Georges Jouve à Aix, un très grand technicien et artiste contemporain que j’ai eu la chance de rencontrer grâce à mon amitié de l’époque avec sa fille. J’admire toute cette équipe passée par l’école de Nice dans les années 60. »

Il y a quelque chose de César dans vos terres arrachées

« C’est pourtant un accident ! A 86 ans, Sylvain Florat s’offre le Byblos. André, le décorateur, me le présente. Il veut une création gravée dans la brique, en terre cuite brute, comme à Babylone. Je lui dis « écoutez je vais essayer ! », mais ne connaissant pas l’art Babylonien, je me lançais dans une recherche, sans internet à l’époque, et je finis par essayer d’assembler plusieurs blocs de terre pour en faire un animal, ou au moins la patte d’un animal, mais je n’y arrivais pas, et un soir, de frustration, j’ai pris des briques terres, je les ai arrachées et jetées par terre. Le lendemain matin, quand je les ai reprises, je me suis dit que ce n’était pas si moche. Afin de lui montrer que j’avais travaillé, je les lui ai présentées en m’excusant et ça lui a plu. Il me commanda une fresque de terre brute arrachée pour tout un couloir. Après l’avoir oubliée pendant quelques temps, j’ai repris la terre arrachée pour des créations plus personnelles, des panneaux, des totems, on peut en faire beaucoup de choses. »

Tout devient support à céramique : voiture, piano, avion, bateau, bétonnière, télé et autres objets…

« Je n’ai « céramiqué » que des objets que j’aime. Ils fonctionnent encore, je roule avec le vélo, la corvette et la moto ! Quant au piano, c’est un grande Queue que j’ai fait il y a 33 ans. C’était très technique. Ceux qui l’ont joué, de François René Duchable à Arthur H, sont de vrais professionnels pour qui il faut un vrai piano. A l’époque, l’ivoire était l’élément avec lequel on faisait toutes les touches de tous les pianos du monde. Quand il a été totalement interdit, passer la douane avec une touche d’ivoire était comme avoir 100 gr d’héroïne et on vous envoyait en prison. Pour les touches, il y a d’abord un support en bois sur lequel j’ai posé de la céramique. On ne doit pas dépasser 10 grammes et être parfaitement plane sur 15cm de long. C’est très difficile et très technique. J’ai beaucoup appris sur mon métier car on n’a pas l’habitude de faire des choses si fines en céramique. »

Ce qui vous a permis de recouvrir de nombreux objets

« En dehors du Mirage 3 qui ne volera plus, les autres objets fonctionnent toujours, que ça soit le side-car, la corvette, la bétonnière, ils sont très peu alourdis par ce seul millimètre de céramique. Avec à peine 2KG au m2, cela représente 36 kg (le poids d’un petit chien) sur la Corvette !!! »

Des projets ?

« Michel Pont, qui m’a permis de faire le Mirage, a chez lui un magnifique petit hélicoptère russe que je voudrais aussi dans mon champ pour le céramiquer. Il mérite d’être coloré. »

" Rouge, Rosé et Blanc, ici le bonheur se décline en trois couleurs. "

Tout devient support à céramique : voiture, piano, avion, bateau, bétonnière, télé et autres objets…

« Je n’ai « céramiqué » que des objets que j’aime. Ils fonctionnent encore, je roule avec le vélo, la corvette et la moto ! Quant au piano, c’est un grande Queue que j’ai fait il y a 33 ans. C’était très technique. Ceux qui l’ont joué, de François René Duchable à Arthur H, sont de vrais professionnels pour qui il faut un vrai piano. A l’époque, l’ivoire était l’élément avec lequel on faisait toutes les touches de tous les pianos du monde. Quand il a été totalement interdit, passer la douane avec une touche d’ivoire était comme avoir 100 gr d’héroïne et on vous envoyait en prison. Pour les touches, il y a d’abord un support en bois sur lequel j’ai posé de la céramique. On ne doit pas dépasser 10 grammes et être parfaitement plane sur 15cm de long. C’est très difficile et très technique. J’ai beaucoup appris sur mon métier car on n’a pas l’habitude de faire des choses si fines en céramique. »

Ce qui vous a permis de recouvrir de nombreux objets

« En dehors du Mirage 3 qui ne volera plus, les autres objets fonctionnent toujours, que ça soit le side-car, la corvette, la bétonnière, ils sont très peu alourdis par ce seul millimètre de céramique. Avec à peine 2KG au m2, cela représente 36 kg (le poids d’un petit chien) sur la Corvette !!! »

Des projets ?

« Michel Pont, qui m’a permis de faire le Mirage, a chez lui un magnifique petit hélicoptère russe que je voudrais aussi dans mon champ pour le céramiquer. Il mérite d’être coloré. »