AOP Bandol

une appellation et une consecration

Par Lionel Szapiro

Nichées dans un amphithéâtre naturel, les vignes de Bandol s’étalent avec toute la grâce de leurs terrasses, les célèbres restanques sur une superficie d’environ 1500 hectares. 

La surface d’appellation concerne huit communes en équilibre entre terre et montagne, au sud du Massif de la Saint Baume : Bandol, La Cadière-d’Azur, Saint-Cyr-sur-Mer, Le Castellet, Le Beausset, Évenos, Ollioules et Sanary., les vignes sont blotties autour d’une flore qui a tout du plus beau décor et de la carte postale provençale, oliviers, pins, garrigue, une végétation typiquement méditerranéenne privilégié par la nature. l’AOP Bandol est aussi choyé par l’azur avec un ensoleillement très favorable de près de 3000 heures/an. Ce terroir bénéficie de magnifiques conditions climatiques. En tout premier lieu, posé entre terre et mer le vignoble est naturellement rafraichi par les brises marines. C’est particulièrement le cas lors des épisodes caniculaires en été. Ensuite, le mistral, vent frais parcourant la vallée du Rhône, contribue à l’éradication de toutes maladies de la vigne. Logique, le mistral est un vent puissant qui est doucement canalisé par les monts toulonnais et le massif de la Sainte-Victoire, à proximité. Il faut rajouter les bosquets de pinède et de garrigue, une végétation qui vaut naturellement protection. Sols calcaires, schistes, granites, phyllades, grès, marnes et sables alluviaux, le terrain est là pour compléter le beau tableau. Voilà pourquoi cette appellation qui a quasiment tous les atouts a été reconnue dès 1941. Aujourd’hui prétendre s’appeler Bandol se mérite. Le cahier des charges est draconien au quotidien. Il faut une certaine dose de patience et même beaucoup de passion pour aller de la première plantation à la première dégustation.

" Rouge, Rosé et Blanc, ici le bonheur se décline en trois couleurs. "

Tout ceci après une très rigoureuse sélection puisque beaucoup d’appelés et peu d’élus. La production est réglementairement fixée à 40 hectolitres à l’hectare mais les viticulteurs de l’AOP se limitent à 35 hectolitres. Donc moins de raisins mais plus de tanins. Ainsi pour les vins rouges il faut d’abord attendre huit ans pour effectuer sa première récolte en AOP. Mais seuls les plus beaux raisins sont prélevés amoureusement et délicatement à la main au pied de la vigne. Ensuite il faut laisser vieillir cette récolte en fûts de foudre de chêne pendant 18 mois. Ceci bien entendu sans aucune opération de chaptalisation. Elevage minutieux stimule toutes les notes, Grenache, Syrah, Clairette, Cinsault, Carignan, Sauvignon, Bourboulenc, Ugni blanc, Marsanne et Sémillon. Mais le cépage qui est l’image de l’appellation est le Mourvèdre dont la spécificité est le tanin hors du commun qu’il donne au vin rouge. La robe va du pourpre foncé aux reflets violacés en passant par le grenat et le rubis tout en clartés. Les fruits noirs comme le cassis, la mûre, mais aussi les fruits rouges, le réglisse, la cannelle et le musc, autant de tonalités qui lui apportent une remarquable vivacité. Il y a évidemment les vins rosés richement dosés. Dans leurs habits saumonés ils sont scintillants et flamboyants. En bouche avec des arômes de fruits rouges, à chair blanche et même exotiques les rosés sont légers et enjoués. Les blancs eux, moins réputés sont à déguster. Ils s’affichent en émeraude et en doré pailleté. Notes d’agrumes, de pamplemousse, de tilleul ou de genêt à savourer, ils révèlent gorgée après gorgée tout leur éventail gustatif. Rouge, Rosé et Blanc, ici le bonheur se décline en trois couleurs.

Crédit photo : AOP Bandol