
Fromagerie Bertin, la Ferme de Belveset, à Taradeau la qualité pour exigence
Isabelle Dert Bono

J’adore les histoires d’amour ! Et la Ferme de Belveset est une belle histoire d’amour. Celle de Philippe Bertin pour la Provence, pour la nature, et pour son métier d’apiculteur et d’éleveur. L’amour d’un normand pure souche et d’une pétillante dracénoise, Florence, qui deviendra son épouse et sa partenaire dans ce lieu atypique implanté dans les années 70 sur les hauteurs de Taradeau. C’est aussi l’amour du travail bien fait et de la qualité sans transiger qu’ils transmettront à leur fils Julien, à la tête de l’entreprise familiale depuis 2018.
Des centaines d’hectares pour pâturer, dont trente-six de luzerne et de foin, quatre-vingt-dix chèvres, deux vaches, une dizaine de cochons, c’est un juste équilibre pour Julien Bertin dont le perfectionnisme lui a permis de se classer parmi les meilleurs élevages de France. Ses fromages figurent sur les plateaux de nombreux gourmets et de chefs étoilés comme Benjamin Bruno à Lorgues, Jeremy Czaplicki à Bandol et Sébastien Sanjou aux Arcs sur Argens, ainsi que du Chef triplement étoilé Arnaud Donckele à St Tropez.

Était-ce une évidence de reprendre la ferme familiale en 2018 ?
J’ai toujours baigné dedans sans beaucoup d’engouement. On travaillait tout le temps, sans argent et sans jamais partir en vacances. Mon père a toujours été très attentif à la qualité de son troupeau. Ma mère, qui était artiste et sortait des beaux-arts, a structuré la ferme et créé la gamme d’une dizaine de fromages. Elle cherchait toujours de nouvelles recettes à affiner, camembert de chèvre, tomme de chèvre au torchon, pour proposer un plateau complet. Au moment où j’ai voulu m’émanciper pour monter mon entreprise de jardinage, mon père avait du mal à recruter. Je lui ai donné un coup de main en attendant qu’il trouve quelqu’un, sauf qu’il n’a plus cherché… et je suis resté ! Heureux de cette décision, j’y ai trouvé ma reconnaissance et le plaisir de faire monter les produits en gamme en améliorant encore la qualité avec mon équipe.
Comment se passe vos collaborations avec les restaurateurs ?
J’aime travailler avec des chefs exigeants. Je suis moi-même exigeant sur tout le processus, les animaux, leurs soins, la fabrication. « Comme on ne peut jamais atteindre la perfection, en la cherchant, on peut s’en rapprocher. » Tout se fait de bouche à oreilles, sans que je les démarche, grâce au talent de mes parents et à la continuité de mon travail. Le plaisir de la rencontre avec ces consommateurs aguerris et connaisseurs, savoir que mon fromage est sur leurs plateaux, notamment sur celui de la table d’Arnaud Donckèle, est un immense plaisir. Il y a une dizaine d’année, ce Chef nous a contacté quand mes parents étaient encore là. Il est resté un après-midi sur la ferme, nous avons eu un coup de foudre professionnel ! J’ai imaginé pour lui un fromage exclusif, le briochon en forme de goutte d’eau. On a toujours travaillé avec Bruno, le Relais des Moines de Sébastien Sanjou, la Bastide des Magnans, et je veux qu’ils aient le meilleur à poser sur leur table.
Avez-vous des projets ?
Nous réfléchissons à la culture de morilles, faisons des essais pour un fromage bleu de chèvre et développons la viande de porc fermier. Les cochons sont élevés en plein air, nourris au petit lait dont ils raffolent et à la farine d’orge. Cela donne une qualité de viande exceptionnelle.

Fidèles au rendez-vous sur les marchés de Draguignan depuis 45 ans et de Lorgues depuis une trentaine d’année, ce ne sont pas ses clients qui le contrediront ! Alors, n’hésitez pas à emprunter les sentiers de randonnée de la ferme de Belveset, à grimper jusqu’aux ruines de l’ancien château du XVIIème siècle dans la colline, et à vous arrêter à la fromagerie pour garnir les paniers pique-niques de fromages frais, demi-sec, secs, cendrés, briques et autres tomes, régulièrement médaillés. Avant les Bertin, le dernier habitant de Belveset était un résistant, aujourd’hui, sur ces terres ont pris place des partisans de la qualité.
Gite à la ferme, et nombreux
chemins de randonnée
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Fromagerie ouverte tous les jours
de 8h à 12h, de février à novembre.
Marchés : Draguignan samedi, Lorgues
Tous les mardis et entre mai et octobre
les vendredis au marché des producteurs
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Chemin de Belveses – 83460 Taradeau
04 94 73 06 57
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Crédit photo : Photos Hervé Favre
Instagram : @hervefavre