« Les Musicales dans les Vignes de Provence - 10ème anniversaire »
Les 10 ans du festival : la magie d ’une épopée !
Par Clothilde Monat / Storytelling-factory.fr
Une petite fille à « Dame Marie-les Bois »
Le festival dans les Vignes de Provence n’aurait sans doute pas vu le jour si un instituteur d’un petit village de Touraine n’avait pas initié une fillette à la musique classique. C’est l’époque des blouses grises et des cours de musique dispensés, chaque matin, par un passionné. Il est facile d’imaginer une petite Marie-Jeanne s’éveillant au monde de l’art et dont la sensibilité au beau a déjà été attisée par sa découverte concomitante des châteaux de la Loire. Bercée par les grands airs de la Moldau ou la Danse du feu, elle transpose l’univers de la musique dans les domaines tourangeaux qui la font rêver… Ou bien est-ce le contraire : les châteaux lui donnent l’occasion de s’initier davantage à la musique classique. Son plus beau souvenir d’enfance n’est-il pas lié à l’émoi que lui a procuré un concert donné au château de Chambord ? Vivaldi entrait dans sa vie d’enfant avec ses quatre saisons pour inaugurer le cycle des quatre passions qui marqueront son existence : oenologie, musique, châteaux et partage d’émotions.
Sous les pavés, la plage !
Quand Marie-Jeanne quitte ses châteaux de la Loire, c’est pour rejoindre Paris et monter les marches de l’Opéra Garnier. Elle s’initie aux grands airs chantés tout en faisant la connaissance du directeur de l’institution qui deviendra un ami. Quelques années plus tard, il suffira que la toute jeune présidente du festival « Les Musicales dans les Vignes de Provence » décroche son téléphone pour pouvoir bénéficier de la présence des solistes de l’Opéra de Paris dans les châteaux du Sud… Mais, à l’époque, « les Musicales » sont encore loin… Marie-Jeanne continue de satisfaire son appétit de mélomane en fréquentant les clubs de jazz de Paris, un soir au Caveau de la Huchette, un autre soir au « Petit Journal », pour finir la semaine au jazz club New Morning. En ce temps-là, elle se nourrit aussi des émissions de Frédéric Lodéon pour France Musique. Le violoncelliste connaît tant d’anecdotes sur l’histoire de la musique et sait rendre si passionnantes ses interventions chargées d’humour! Marie-Jeanne écoute, de manière très sérieuse mais aussi très complice. Aujourd’hui, elle reconnaît que cet artiste l’a formée également à l’art de tisser des liens avec le public. Elle s’en souviendra lorsqu’elle foulera le sable d’une certaine plage du Var avec, déjà, un projet en tête !
D’un festival dans le sable à un festival de transats
L’épisode parisien prend fin quand Marie-Jeanne décide de mettre le cap vers le Sud ! Le temps d’une installation à La Londe les Maures, la voilà organisatrice d’un premier événement , « Les Musicales sur le Sable », inspiré du festival « Un Violon sur le Sable » proposé sur la plage de la Grande-Conche, à Royan. Elle entend implanter un concept similaire dans le Var, avec la même intention de démocratiser la musique classique pour la rendre accessible à tous. Cette idée plaît beaucoup. Le château du Galoupet, situé face aux îles de Porquerolles à La Londe-Les-Maures et le château Maravenne offrent leur cadre idyllique pour accueillir le festival. Le public est aux anges et souhaite que se développe cette belle initiative! Cependant, Marie-Jeanne réalise qu’elle peut transposer son amour des vins d’Anjou dans le Sud pour promouvoir la vigne et les rosés de Provence en même temps que la musique classique ! Une conversation échangée un soir avec Michel Pellegrino conforte le bien-fondé de son intuition : sur la Côte bleue de Marseille se déroule déjà un festival de jazz où les spectateurs profitent des accords musicaux confortablement installés sur des transats ! L’idée enchante Marie-Jeanne… Et les partenaires suivent ! Le château du Galoupet offre les cinq cent premiers transats, le public est conquis. Les « Musicales dans les Vignes » voient le jour, sous un ciel d’été étoilé chargé de promesses !
Le festival « Les Musicales dans les Vignes de Provence » soutient le développement des sept arts dans les bastides et châteaux de plusieurs départements.
Sept d’un coup !
Dès l’origine, les chaises longues sont roses. C’est la couleur des transats, déjà choisie par le Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence, partenaire du festival depuis les premières heures… C’est la couleur des rosés du Sud ! Impossible d’en changer, même si les domaines viticoles prennent l’habitude de faire goûter également des cépages de rouges et de blancs !
La toute nouvelle présidente du festival s’entoure d’excellents musiciens et d’excellents orchestres. Michel Pellegrino a rejoint le festival mais aussi Stefan Cassar. Tous deux aiment partager avec le public leur passion de mélomanes, tout comme Frédéric Chatoux et la musicologue et directrice artistique de la salle Gaveau, Marie-Automne Peyregne, qui présente avec brio la jeune soprano Chloé Chaume. Jazz, opéra, musiques du monde : le festival s’essaie à tous les genres et fidélise ses artistes, son public et ses domaines viticoles. Et Marie-Jeanne est sur tous les chemins pour faire découvrir la richesse et la beauté de la région ! Peu à peu, le temps permettra de peaufiner le concept. En 2022, sept nouveaux domaines rejoignent le projet, ce qui porte à quarante le nombre des propriétés partenaires du festival!
« Vous goûterez bien encore les vins de la propriété ? »
Aujourd’hui, le festival « Les Musicales dans les Vignes de Provence » soutient le développement des sept arts dans les bastides et châteaux de plusieurs départements. Musique et architecture construisent un bel accord et les notes des concerts se dispersent au vent harmonieusement pour essaimer vers d’autres disciplines : cinéma, danse, poésie, sculpture, peinture… Lors des soirées des « Musicales dans les Vignes », les spectateurs ne se promènent-ils pas à leur guise parmi les sculptures du château de la Gaude ou de la Commanderie de Peyrassol ? N’arpentent-ils pas les expositions, au Bonisson Art Center, par exemple ? Cependant, Marie-Jeanne, enthousiaste comme au premier jour de l’aventure, souhaite conserver la dimension familiale et intimiste de son festival. Fidèle à ses valeurs, elle poursuit son rêve de démocratiser la musique, sans esbrouffe et avec la seule idée d’offrir une merveilleuse expérience de « vie de château » à chaque participant du festival. Chacune des soirées doit permettre que soient vécus ces moments de bonheur partagé chers à son coeur.
Crédit photo : Nadège Moha