Chaque chemin est une rencontre

Valérie Rousselle, portrait d’une femme de tête, d’une femme de coeur

Par Clothilde Monat / Storytelling-factory.fr

« Château Roubine Cru classé » est sur les tables des plus grands chefs du monde entier. Cela occasionne des voyages, des rencontres, des salons, en France et à l’étranger. Portrait dialogué d’une propriétaire passionnée.

Vous parlez volontiers de « coups de foudre » à propos des châteaux que vous avez acquis. Qu’est-ce qui vous touche le plus lorsque les flèches de Cupidon vous atteignent ?
Valérie Rousselle : Pour Château Roubine, mon coup de coeur a été instantané, j’ai eu une sorte d’appel de la terre, un sentiment étrange. Cupidon devait effectivement y être pour quelque chose ! C’était une évidence pour moi, une injonction puissante liée au devoir à accomplir. A peine franchi le seuil de la propriété, j’ai senti un petit peu les racines de vignes pousser sous mes pieds. C’était très particulier. Pour Château Sainte Béatrice, j’ai plutôt rencontré une famille avec laquelle j’ai aussitôt partagé des valeurs, une passion. Le troisième domaine acquis m’a renvoyée à l’époque de mes années d’études à l’université du Vin, près du mont Ventoux. Cette région m’avait ensorcelée. Or, Chante-Bise se trouve sur la même commune de Suze la Rousse. C’était un retour assez inattendu.

Comment la culture liée au vin a-t-elle façonné votre personnalité ?
Valérie Rousselle : La vigne est une liane, de même que le vin engendre un lien qui relie à quantité d’univers artistiques. C’est un lien particulier, très fort. Un sentiment troublant se crée autour de la réalisation d’un grand cru. L’orgueil s’efface. On est obligé d’être très humble en viticulture car cette discipline force à la recherche de la perfection. C’est un univers qui vous change. Lorsque l’on porte un domaine comme Château Roubine, on doit faire confiance à la nature, toujours douter. Ma personnalité est liée à la certitude que j’ai d’être sur le bon chemin. J’ai ma page à rédiger d’un livre dont l’écriture a commencé il y a 2600 ans…

Vous êtes aussi mécène à vos heures (et prochainement, vous ferez connaître Natalija Vincic). Cette démarche est-elle importante pour vous ?
Valérie Rousselle : Cet engagement me correspond bien. Natalija est originaire de Macédoine. J’aime son coup de pinceau, entre Klimt et Marie Laurencin, le côté coloré et visionnaire de la représentation qu’elle propose de la femme. Ses tableaux sont emprunts d’une naïveté à laquelle je suis sensible. Cette jeune femme peintre, pourtant sélectionnée à la biennale de Florence, a peu de moyens et j’ai souhaité la soutenir. D’une façon générale, si l’artiste a de belles valeurs, j’ai plaisir à apporter mon aide.

Depuis une dizaine d’années, vous êtes très impliquée dans le festival « Les Musicales dans les Vignes de Provence ». Que représente ce partenariat ?
Valérie Rousselle : Le festival est l’occasion d’une superbe complicité avec Marie-Jeanne, de spectacles de grande qualité, de rencontres avec des artistes de tout premier ordre qui sont devenus des amis et que j’ai plaisir à recevoir chaque été…

Crédit photo : Françis Vauban